Si la majorité des étudiants se déclare spontanément en bonne santé, les associations tirent la sonnette d’alarme. En effet, elles constatent une dégradation de leur état général. La moitié des jeunes rencontrent des problèmes de sommeil, tandis qu’un quart d’entre eux connaît un niveau d’anxiété sévère. La santé mentale ne semble donc pas suffisamment prise en charge pour garantir le bien-être des jeunes adultes. L’inflation ajoute de la complexité à l’accès aux soins . Et les exclusions sociales continuent à affecter l’équilibre sanitaire de la jeunesse. Dotmap vous propose de faire le point sur la santé des étudiants en 2024.
Sommaire de l’article :
- Santé des étudiants et budget : un équilibre fragile
- Santé mentale sur le campus : un problème toujours préoccupant
- Intimité, addictions et discrimination : des tabous à lever
Santé des étudiants et budget : un équilibre fragile
La précarité alimentaire étudiante s’installe en France
Face à l’inflation, la précarité explose, y compris sur le campus. Selon l’’UNEF (Union nationale des étudiants de France), le coût des produits de première nécessité a augmenté de plus de 14 % en 2023. Forçant de fait 50 % des jeunes à dépendre de l’aide alimentaire. D’après Linkee, 76 % des étudiants disposent d’un « reste à vivre » mensuel inférieur à 100 €. Source : analyse 2023.
- Les jeunes de l’enseignement supérieur sont 54 % à sauter parfois des repas.
- Ils sont 62 % à réduire leurs portions pour raisons financières.
- La viande coûte trop cher pour 73 % des étudiants.
- Les prix trop élevés empêchent 37 % des jeunes d’acheter des fruits et légumes.
Le déséquilibre alimentaire et le manque de nourriture touche ainsi près de 80 % des étudiants en France. C’est pourquoi, il est très important que les établissements universitaires et les grandes écoles programment des séances d’éducation à une bonne alimentation pour leurs étudiants.
Le budget serré des étudiants limite l’accès aux soins
Les difficultés financières limitent l’accès des étudiants aux services de santé, malgré une couverture de base par l’assurance maladie. Les frais avancés et la non-prise en charge intégrale de certains examens posent problème. L’enquête de l’Observatoire de la vie étudiante montrait déjà en 2020 qu’un tiers des jeunes gens avaient sacrifié leurs soins faute de moyens financiers.
L’Unef pointe également dans ses recherches sur le coût de la vie étudiante, le renoncement de beaucoup d’assurés à consulter des spécialistes en raison d’un tarif impossible à assumer. En France, un étudiant sur sept ne possède pas de mutuelle complémentaire. Ainsi, les dentistes, gynécologues, ophtalmologues, et autres spécialistes ne leur sont pas accessibles
Les jeunes travaillent souvent pour financer leurs études
Travailler en dehors des cours apporte des avantages sociaux et économiques certains. Cependant, cela procure du stress et de la fatigue, en réduisant le temps de sommeil et de loisirs. La crise sanitaire a contraint de nombreux étudiants à abandonner leur emploi, compromettant même parfois leur année universitaire.
Les jeunes qui ont signé un contrat de travail ont souvent du mal à trouver de la disponibilité pour les activités physiques et les soins médicaux. Notamment les consultations chez le médecin ou les thérapeutes.
Santé mentale sur le campus : un problème toujours préoccupant
Les étudiants sont fortement touchés par la dépression
Les étudiants connaissent des périodes de stress intense liées à la pression sociale, la peur de l’échec et l’angoisse pour leur avenir. Leur détresse les mène parfois à l’épuisement total, la dépression ou le burn-out.
Le sénat rapportait en 2023 une hausse dramatique des gestes suicidaires chez les étudiants. Les troubles alimentaires, catégorisés en quatre types de comportement, ont également fortement augmenté durant la pandémie et laissent encore des traces aujourd’hui :
- boulimie ;
- hyperphagie ;
- trouble restrictif (anorexie) ;
- autres troubles du comportement alimentaires (troubles de l’ingestion des aliments par exemple).
Depuis, les 18-24 ans sont de plus en plus nombreux à aller consulter un psychologue ou un psychiatre (+50 % en 3 ans). Bien que l’accès rapide à un rendez-vous reste difficile, cette augmentation montre une prise de conscience croissante du malaise des jeunes adultes et un espoir pour leur bien-être psychique.
De nombreux jeunes adultes souffrent d’isolement social
Dans un monde post-covid, où les jeunes ont connu le 100 % télétravail, le manque de relations sociales a laissé des traces. Ceci a empêché leur intégration sur le campus, les rencontres et le soutien nécessaires à leur bien-être.
Des séquelles dues à l’utilisation d’internet au détriment des échanges réels touchent les plus vulnérables. Les étudiants étrangers ou ceux de première année sont les plus à risque de subir de plein fouet l’isolement créé par les nouvelles habitudes d’enseignement.
Le manque de liens sociaux, à un âge où beaucoup quittent leur foyer familial, affecte le psychisme autant que le stress. Ainsi, 28 % des étudiants déclarent se sentir régulièrement ou toujours seuls selon la Croix-Rouge.
Une part importante d’étudiants boude le sport
Le sport, activité prisée par 60 % des étudiants pour se détendre, rencontrer des amis et rester en forme, a également été impacté par la crise sanitaire qui a limité les entraînements collectifs et les compétitions.
Considéré comme essentiel pour l’hygiène de vie et le bien-être à tout âge, il est déclaré Grande cause nationale 2024 à l’occasion de la tenue des Jeux olympiques à Paris. Les raisons expliquant la quantité nulle ou trop faible de pratique sportive sont diverses.
- Manque de temps : 57 %
- Horaires ou lieu non pratiques : 50 %
- Places limitées : 25 %
- Équipements insuffisants : 15 %
- Accès difficiles aux équipements : 11 %
- Coût : 5 %
Le manque d’infrastructure et d’équipements est un obstacle important à la pratique sportive, particulièrement pour les étudiants en situation de handicap. Bien que le handisport soit encore peu répandu et maîtrisé, une tendance positive se dessine dans son approche et son inclusion, comme à Grenoble par exemple.
Intimité, addictions et discrimination : des tabous à lever
La santé sexuelle des étudiants reste fragile en 2024
Des consultations sur la sexualité et des campagnes de sensibilisation à la protection contre les maladies et infections sexuellement transmissibles (MST et IST), à la contraception et au consentement existent. Elles sont disponibles toute l’année sur les campus et dans les centres de planning familial.
Santé publique France alerte sur l’augmentation continuelle des IST, le manque d’utilisation systématique du préservatif et le déficit de connaissances des étudiants sur le sujet. La prévention auprès des étudiants doit être encore renforcée, car les jeunes sont les plus touchés par des infections telles que la chlamydia ou le gonocoque.
La période de confinement a mis un coup de frein aux diagnostics et au dépistage. Ceci a de lourdes conséquences à long terme, même si on constate heureusement une reprise des tests d’infection au VIH et des vaccinations contre le papillomavirus.
Les addictions s’intensifient sur les campus français
Chez les étudiants, 36 % fument, un chiffre stable, malgré les hausses de prix et les campagnes de prévention. Le vapotage prend de l’ampleur également, ce qui a incité le gouvernement français à interdire totalement les cigarettes électroniques jetables en septembre 2024.
L’usage de cannabis est élevé dans les milieux étudiants puisque 14 % des 18-25 ans en consomment chaque mois et 4 % quotidiennement. Cette consommation impacte en particulier très fortement la qualité du sommeil, effet secondaire souvent méconnu.
La consommation d’alcool, souvent liée dans l’esprit des jeunes à l’intégration sociale, pose un problème de santé publique, avec des abus menant à des violences, accidents et pertes de contrôle. Le binge drinking (alcoolisation rapide) et l’alcoolisme régulier affectent gravement la santé des étudiants sur le long terme.
Les violences et les discriminations atteignent les plus fragiles
Le harcèlement sexuel touche un étudiant sur vingt selon le baromètre 2023 de l’Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l’Enseignement supérieur. Malgré des dispositifs d’écoute, des cellules de veille, la création de sages zones et de wellness center dans les campus et les grandes écoles, le constat reste préoccupant.
Le cyberharcèlement et la discrimination font des ravages dans le domaine de la santé mentale des jeunes. Ce phénomène affecte toutes les catégories d’étudiants, quels que soient leurs milieu social, âge ou filière.
Les étudiants handicapés ont de leur côté souvent du mal à défendre leurs droits et à concilier santé et études dans l’enseignement supérieur.
La santé des étudiants français en 2024 reste un sujet de préoccupation pour les familles, les autorités sanitaires, les médecins généralistes, les spécialistes, les services sociaux et infirmiers, les associations et le gouvernement. La crise de la covid-19, si elle semble parfois déjà lointaine, a laissé sur les jeunes des traces persistantes d’isolement et de détresse psychique. Bien conscient de cela, l’ensemble des acteurs de notre pays dispose de toutes les clés pour mettre en place des solutions. Un accès facilité à l’information, à l’écoute et aux soins ainsi que des aides financières adaptées sont indispensables pour un changement positif et durable.
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